Spécialisée dans les domaines de l’automation, des interfaces hommes-machines et de la digitalisation des lignes de production, la société poursuit son développement pour mettre les technologies utiles au service des industriels de la région.
Basée sur le parc scientifique d’Yverdon, la société Objectis est spécialisée dans la conception et la réalisation de logiciels pour l’industrie 4.0. De la stratégie de digitalisation au déploiement de nouvelles solutions logicielles, elle est devenue le partenaire en informatique industrielle de nombreux acteurs en Suisse romande. Ses clients sont à la fois les fabricants de machines et les entreprises industrielles disposant de lignes de production.
Un projet né à la HEIG-VD d’Yverdon
Objectis est née à l’institut d’automatisation industrielle de la HEIG-VD d’Yverdon. Dès 2007, le professeur François Birling recrute des ingénieurs, dont Christopher Bouzas, Antoine Jeanrichard et Paul-Henri Maillefer. Ensemble, ils montent une équipe dédiée à faire de l’innovation logicielle pour les besoins industriels. Au bout de trois ans, ces passionnés d’informatique industrielle fondent Objectis.
“En démarrant notre activité, nous avons constaté une importante distance entre l’état de l’art en termes de génie logiciel et la réalité du terrain. Un des défis de nos clients est d’assurer la bonne marche de leurs affaires et en parallèle de se tenir au courant des dernières avancées techniques. Nous assurons cette veille ainsi que la diffusion des technologies pertinentes pour qu’ils puissent en tirer parti dans leur business”, résume Christopher Bouzas, aujourd’hui CEO.
Le résultat au bout d’un peu plus de 10 ans d’activité est impressionnant. Objectis travaille pour l’industrie régionale avec plus de 250 clients, pour la majorité basés en Suisse romande. L’entreprise affiche une croissance annuelle moyenne de 25%. Elle dispose d’une équipe de 50 personnes, dont 40 ingénieurs. Ce rythme de croissance n’est pas sans poser un certain nombre de défis. Objectis bénéficie de l’initiative Scale Up Vaud, un programme lancé pour soutenir les entreprises en forte croissance.
Du logiciel de commande machine à la supervision de la production
La société yverdonnoise est bâtie sur 3 piliers: une méthodologie de digitalisation de la connaissance, une plateforme logicielle pour l’industrie et une expertise en UxDesign. A l’aide du langage de modélisation unifié (UML), elle est en mesure de formaliser du savoir-faire métier pour digitaliser des processus de production. Le recours à l’UML permet de structurer la connaissance afin de la rendre plus accessible, de l’analyser et de la consolider. A partir de cette méthodologie, les ingénieurs d’Objectis peuvent ensuite concevoir des logiciels sur mesure.
L’entreprise est principalement active dans trois secteurs. Le premier consiste à développer des interfaces hommes-machines (HMI en anglais). Cette activité qui consiste à créer un “framework” est très risquée, car elle nécessite l’expertise pointue aussi bien au niveau du métier spécifique du client qu’en architecture logicielle. Ce dernier savoir-faire est rare et long à mettre sur pied, comme l’explique Christopher Bouzas: “Quand un fabricant crée un nouveau logiciel de contrôle, c’est dans une vision sur 10 ou 20 ans. Ainsi, dans la vie d’un informaticien chez nos clients, il aura participé à la création d’un, voire deux, frameworks dans sa vie. Chez Objectis, nous en faisons plusieurs par année. Avec notre équipe, nous nous occupons de cette partie risquée et nous garantissons également d’être rapidement sur le marché grâce à notre méthodologie et notre plateforme.”
En parallèle, Objectis crée des logiciels de contrôle pour machines spéciales, intégrant de la vision, de la robotique ou de la métrologie. Grâce à sa plateforme, elle met à disposition des composants logiciels qui sont prêts à l’emploi et fiabilisés pour intégrer aussi bien les technologies d’automation que d’informatique. Le gros avantage: des coûts d’intégration bien moindres avec plus d’intelligence dans la machine.
Enfin, l’autre axe d’innovation s’adresse aux usines de production afin de réduire les coûts d’exploitation. De nombreux outils existent déjà pour gérer les ressources et les activités: les ERP, les MES qui orchestrent la production, et ensuite les machines elles-mêmes. Objectis propose son savoir-faire pour interconnecter tous ces systèmes entre eux de manière efficace. A partir de cette consolidation de données de production, la société est en mesure de fournir des écrans différenciés pour la supervision d’atelier, le contrôle qualité ou la maintenance préventive qui sont autant d’outils d’aide à la décision adaptés.
Vers une présence internationale et les machines autonomes
A la fois pionnière à ses débuts, et désormais leader en Suisse romande, Objectis ambitionne à l’avenir d’exporter ses compétences. En effet, peu d’entreprises sont positionnées dans ce secteur particuliers des logiciels pour l’industrie 4.0. Christopher Bouzas précise: “Nous voulons sonder à l’international dans les pays limitrophes pour voir si nous pouvons commencer à établir une présence à l’horizon 2025. Et à l’interne, nous souhaitons apporter de plus en plus de valeur ajoutée au niveau de notre plateforme, car elle offre un bras de levier intéressant pour réduire les coûts chez nos clients et accélérer le time-to-market de leurs nouveautés.”
D’autres perspectives s’annoncent prometteuses, notamment les avancées en matière de machine autonome. Véritable Graal en matière d’intelligence numérique, les machines autonomes seront un jour capables de produire toutes seules et de dire quand elles ont besoin de maintenance. Objectis a déjà délivré des projets dans cette direction et compte bien développer son potentiel dans ce secteur qui promet une pérennisation d’une industrie locale forte et à la pointe.
Pour en savoir plus… www.objectis.com
par Arnaud Gariépy
L’avis de l’entrepreneur
“L’idée du coaching est venue du fait que nous avions besoin d’expérience dans la manière de réfléchir à une stratégie d’internationalisation. Nous souhaitions un accompagnement pour entrer dans des nouveaux marchés et savoir quelles étaient les solutions disponibles pour créer une présence locale.
Thomas Meier a été un “sparring-partner”. Il nous a apporté de nombreux retours d’expérience pour nous aiguiller dans nos réflexions. Au départ, nous aurions aimé démarrer l’internationalisation plus rapidement, mais avec l’arrivée du Covid, nous avons revu cette priorité. Ce n’était pas idéal de débuter une expansion dans ces conditions. Nous avons donc mis le focus sur le développement des outils de la plateforme. Ce sera de toute manière un bon tremplin pour ensuite établir une présence dans les pays limitrophes. Ces aspects sont également le fruit des échanges effectués durant le coaching platinn.
Thomas est quelqu’un qui fait des affaires aussi du côté du Canada. On sent qu’il a beaucoup d’expérience et qu’il connait bien certaines problématiques. Il nous a notamment sensibilisé sur la question de la capacité d’absorption: Si le marché est demandeur est-ce qu’on sera capable de grandir aussi assez vite? Il nous a posé les questions qui nous ont permis d’ouvrir les yeux sur les problèmes. Je pense que la recette d’un coaching gagnant est d’avoir quelqu’un en face qui a l’expérience et qui est capable de la transmettre en posant les bonnes questions.”
L’apport de platinn
Thomas Meier, coach en Affaires et Coopération, revient sur le travail effectué avec l’équipe d’Objectis: “Lorsqu’Innovaud m’a contacté en 2018 pour me proposer de coacher Objectis, le but initial était vraiment d’étendre leur présence en direction de la Suisse allemande et vers les pays limitrophes.
Christopher Bouzas et François Birling étaient cependant prudents par rapport à l’expansion. Ils cherchaient d’abord à consolider, à comprendre bien les leviers d’action pour étendre le marché et à identifier correctement les risques et les défis pour l’entreprise avant d’aller plus loin. Donc nous avons tout d’abord travaillé sur la bonne compréhension du modèle d’affaires. Surtout je les ai faits réfléchir sur les implications de l’internationalisation. Aller sur des marchés étrangers signifie déléguer une partie de la responsabilité comme le soutien à la clientèle et à la programmation. Pour des fondateurs qui ont tout construit depuis le début c’est difficile de confier le fruit de leur travail à des partenaires externes. Il faut beaucoup de confiance. Cela prend du temps de trouver ces partenaires et d’accepter de les laisser faire une partie du travail qu’on fait d’habitude soi-même. C’est un moment crucial dans une expansion.
Par ailleurs, le savoir-faire est tellement concentré chez Objectis qu’il est difficile de le partager facilement. Pour qu’un nouvel ingénieur maîtrise l’ensemble du travail de fond cela peut prendre jusqu’à 3 ans de formation interne.
L’arrivée de la pandémie a marqué un temps d’arrêt et de réflexion. Désormais ils se donnent jusqu’en 2025 pour développer une bonne stratégie d’identification des partenaires techniques étrangers, avec un cahier des charges plus précis.
Le challenge à moyen terme sera de continuer à maîtriser leur croissance en consolidant l’équipe et leur savoir-faire. Ce qu’Objectis propose au niveau digitalisation répond pleinement aux besoins des industriels d’aujourd’hui et de demain. L’équipe est bien dirigée par les deux co-fondateurs, Christopher et François. Ils sont ouverts et clairvoyants, en même temps ils gardent une certaine prudence pour maintenir le contrôle. Je suis convaincu qu’ils savent très bien où ils vont avec cette feuille de route et ce fut un plaisir de travailler avec eux.”