Issue de l’EPFL, la start-up LIGENTEC développe des puces photoniques utilisées pour les ordinateurs quantiques, mais aussi pour les LIDAR des voitures autonomes. Rencontre avec son cofondateur, Michael Geiselmann.
C’est une équipe jeune et dynamique qui peuple les locaux de LIGENTEC, situés dans l’Innovation Park de l’EPFL, à la frontière entre Lausanne et Ecublens. Une vingtaine de jeunes employés enchaînent des conférences téléphoniques en anglais et se déplacent au gré de leurs envies à des places de travail partagées. À n’en pas douter, l’esprit “start-up” règne au sein de cette entreprise créée en 2014. “L’idée est née dans le laboratoire du professeur Tobias J. Kippenberg à l’EPFL, relate le directeur général Michael Geiselmann. Nous avons décidé de commercialiser une technologie basée sur la fabrication de semi-conducteurs présents dans les ordinateurs ou dans les téléphones, mais nous utilisons la lumière au lieu d’électrons.” Michael Zervas, qui travaillait auparavant chez Intel, fait également partie du trio de cofondateurs.
Ordinateurs quantiques et voitures autonomes
Pour passer de la recherche à une véritable industrialisation, LIGENTEC a profité du programme Venture Kick de l’EPFL, de l’incubateur ESA BIC Switzerland, ainsi que d’un prêt de la Fondation pour l’Innovation technologique (FIT). Le succès fut vite au rendez-vous, et LIGENTEC se retrouve dorénavant au cœur des innovations à venir. “Nous avons une base de clients qui travaillent avec notre technologie pour développer des produits du futur comme les ordinateurs quantiques ou encore les capteurs utilisés dans les LIDAR, ces systèmes de détection par laser permettant de mesurer la distance qui sont essentiels au développement des voitures autonomes”, déclare Michael Geiselmann.
C’est au contact d’Innovaud que les fondateurs de la start-up ont fait connaissance avec le programme de coaching platinn. “Il y a un an, nous étions 10 personnes, explique le directeur. Maintenant, nous sommes 25. Nous avions donc besoin d’un coaching pour accompagner cette croissance, mais aussi pour savoir comment la financer.” L’aide du coach Rudolph Frycek s’est ainsi concentrée sur le business plan et sur la recherche de fonds, et plus précisément l’EIC Accelerator, une bourse européenne aidant les jeunes pousses dans le domaine des nouvelles technologies. “Grâce au coaching, nous avons gagné cette bourse, continue Michael Geiselmann. Nous sommes donc très contents. Elle va nous permettre de financer durant deux ans une croissance de notre entreprise et aussi de pouvoir passer à une fabrication à grande échelle de notre technologie.”
Tests COVID rapides grâce à la lumière
Les étapes à venir seront donc, dans l’ordre, la validation de la technologie, la phase pilote puis la production en grand volumes de puces photoniques dans les produits des clients de LIGENTEC. Et l’avenir s’annonce florissant, tant les applications sont nombreuses, que ce soit dans le monde des transports ou de l’industrie spatiale. Les communications quantiques sont aussi l’un des marchés les plus importants. La revue Nature a publié un article rapportant une première de la société canadienne Xanadu: la création d’un circuit photonique programmable, accessible du “cloud”, capable d’exploiter différents types d’algorithmes quantiques, le tout équipé avec une puce de LIGENTEC.
Enfin, un autre domaine porteur pour l’entreprise vaudoise est celui des capteurs, et plus précisément en lien avec des tests médicaux. “Nous travaillons actuellement sur plusieurs projets de capteurs biologiques. Des tests rapides COVID-19 utilisant la lumière pourraient être par exemple utilisés dans les aéroports. Notre puce, couplée avec des procédés biochimiques, permettrait en effet de détecter si une personne est positive à la maladie.” Pour cette application médicale très prometteuse, un partenariat est en cours avec une entreprise européenne. Nul doute que LIGENTEC et ses partenaires trouveront encore bien des domaines pour placer les puces photoniques au centre des innovations de demain.
L’avis du coach
“Mes principaux apports étaient d’aider LIGENTEC dans deux domaines: élargir les partenaires et l’écosystème au niveau européen dans un projet collaboratif Photonics Innovation Hub et soutenir la croissance de l’entreprise à travers une demande de financement européen auprès de l’EIC Accelerator. Le taux d’acceptation pour ce programme est très bas, autour de 2%. Il a donc fallu mettre beaucoup d’efforts dans la rédaction de la demande, à la fois pour montrer tout le potentiel de la technologie, mais aussi pour convaincre de la capacité des entrepreneurs à la produire à large échelle. Souvent, durant un coaching, je dois poser beaucoup de questions. Là, ce sont les entrepreneurs qui venaient avec leurs propres interrogations. Ils étaient très curieux tout en ayant déjà une excellente connaissance de l’écosystème et un réseau bien développé. Dans de telles conditions, le coaching s’est dès lors très bien déroulé.”
Pour en savoir plus… ligentec.ch
Par Loïc Delacour