L’entreprise fribourgeoise regenHU fait partie d’un projet européen lancé ce début d’année visant à reproduire des tissus sains pour des foies malades. Interview du directeur produits Denis Crottet.
Premièrement, parlez-nous de votre entreprise, quels sont les produits fournis?
Notre entreprise existe depuis 2007. Il s’agit à la base d’une spin-off de la Haute Ecole d’ingénieurs de Bienne créée par Marc Thurner, qui a ensuite rejoint le groupe Nivalis et son parc technologique Le Vivier basé à Villaz-St-Pierre dans le canton de Fribourg. Les sociétés présentes sur ce site sont toutes actives dans la microtechnique et ingénierie et partagent ainsi leur savoir-faire. Chez regenHU, nous comptons aujourd’hui une trentaine de collaborateurs.
Nous sommes actifs en Europe, en Asie et en Amérique du nord avec nos systèmes de bio-impression 3D permettant la création artificielle de tissus biologiques. Nous développons à la fois les logiciels et les instruments. Ces imprimantes permettent notamment à certains de nos clients, des chercheurs en biologie, de créer des modèles “in vitro” pour pouvoir tester de nouveaux produits ou développer des tissus humains en vue de la médecine régénérative.
Imprimer des tissus biologiques et bientôt des organes?
La biofabrication d’un organe, c’est de la musique d’avenir. Mais c’est un objectif, oui. Notre recherche appliquée se concentre pour l’instant sur l’extension de nos technologies pour l’impression de ce que l’on nomme les organoïdes. Il s’agit d’une structure multi-cellulaire, donc une sorte de “mini organe”. C’est un domaine en plein boom dans les biotechnologies. Ces organoïdes peuvent offrir de meilleures chances de recréer des tissus humains vu que c’est un ensemble biologique déjà structuré.
C’est dans ce domaine que vous venez de gagner un appel à projet européen?
Oui. Avec 7 autres partenaires réunis au sein d’un conglomérat, nous faisons partie de 6 à 8 projets à avoir été sélectionnés pour se partager un total de 50 millions d’euros. Notre technologie de bio-impression vise, à long terme, à pouvoir recréer des tissus du foie sains pour remplacer les tissus endommagés présents dans cet organe. Il y a une très forte demande dans ce domaine. D’ici à 3 ans, des essais seront menés sur des souris. Il faudra donc encore du temps pour que ces technologies puissent aider des personnes malades.
Le coaching platinn est intervenu dans ce cadre?
Effectivement. Ce projet mélange à la fois le domaine académique et privé mais aussi des acteurs suisses et internationaux. Le coach platinn Rudolph Frycek nous a aidés à mettre en place la recherche de partenaires et la préparation de la demande. On peut dire que cela a été une réussite puisque nous avons remporté l’appel d’offre.
Un tel financement est, on l’imagine, bienvenu pour une petite entreprise comme la vôtre…
Ce projet européen nous est effectivement très utile. Sans cet apport de fonds, il serait difficile pour une PME comme la nôtre de faire de la recherche appliquée et donc de pouvoir, plus tard, mettre sur le marché de nouveaux produits innovants.
Comment s’annonce l’avenir?
Avant tout, en parallèle à ce projet de recherche, nous continuons la production et le développement continu de nos systèmes de bio-impression. En ce qui concerne l’avenir, il y a de grandes opportunités. Les technologies que nous développons pour les tissus du foie pourront ensuite être utilisées pour d’autres organes. En cas de réussite, cela sera un énorme pas vers la médecine régénérative, donc le remplacement de tissus malades par des tissus sains produits artificiellement. Le potentiel sur ce marché est immense. Il y a de plus en plus de jeunes pousses qui, conscientes de cela, entrent dans ce domaine et viennent gonfler la concurrence. Mais en tant que pionnier, nous disposons d’une longueur d’avance que nous maintenons grâce à nos projets de recherche et développement.
L’avis du coach
“Le coaching de regenHU s’est, en premier lieu, focalisé sur l’évaluation et la priorisation des opportunités de financements publics européens, relate Rudolf Fryček, ainsi que sur la mise en place de partenariats afin d’élaborer de nouveaux produits ou de nouvelles applications ciblées par l’intermédiaire de leur plateforme propriétaire de biofabrication. L’entreprise était ainsi préparée à temps pour répondre à la demande du Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM) de créer un consortium paneuropéen axé sur l’utilisation d’organoïdes et de bioconstructions pour des implants liés au foie. L’accompagnement s’est également porté sur la conclusion des partenariats les plus appropriés et sur un soutien lors de la création des différentes phases du projet.”
Pour en savoir plus…
www.regenhu.com
par Loïc Delacour