Grâce à leur ancrage sur le terrain, les antennes cantonales sont aux premières loges pour observer les évolutions en cours. Cette veille active, menée conjointement avec la direction, met en lumière les tendances qui influencent l’évolution du tissu économique romand. Point de situation pour 2025 avec Patrick Albert, directeur de platinn.
Avant de nous projeter vers l’avenir, revenons un instant sur l’année écoulée. Quel bilan faites-vous de l’année 2024 ?
L’année 2024 a été marquée par un contraste fort entre résilience et disparités sectorielles. Dans un contexte international instable, la Suisse a globalement bien résisté, mais cette résistance a été inégale. Les exportations ont atteint un niveau record, tirées presque exclusivement par l’industrie pharmaceutique, alors que d’autres secteurs, notamment l’industrie MEM et l’horlogerie, ont souffert de la baisse de la demande mondiale.
La croissance du PIB, estimée à 1,2 % par le SECO, reste inférieure aux moyennes historiques. Elle s’explique par plusieurs facteurs : un affaiblissement de la demande extérieure, un ralentissement de l’investissement lié à des conditions financières plus strictes, et un franc fort, à la fois bénéfique pour contenir l’inflation et pénalisant pour la compétitivité des exportations.
Le marché du travail a bien résisté, avec un chômage moyen de 2,4 %, mais on observe des disparités régionales et sectorielles : des pertes d’emplois dans l’industrie, compensées en partie par des créations dans les services. Ces derniers, portés par la reprise du tourisme et la transformation numérique, ont montré une belle dynamique.
Enfin, plusieurs enjeux transversaux ont marqué l’année : des perspectives d’exportation moroses en raison du franc fort, de la récession en Europe, du ralentissement de l’économie asiatique et des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ; la cybersécurité, devenue une préoccupation majeure pour les PME ; la pénurie de main-d’œuvre, toujours persistante dans certains secteurs ; le clivage entre services et industrie qui ne sont pas sujets aux mêmes difficultés malgré une interdépendance forte ; ou encore les préoccupations énergétiques, notamment liées à l’approvisionnement en électricité.
Face à ces défis, les entreprises doivent diversifier leurs produits, leurs marchés et leurs sources de financement. Cependant, l’incertitude actuelle risque de freiner de nombreux projets d’innovation.
Quels signaux faibles, identifiés sur le terrain, pourront avoir un impact sur les entreprises dans le futur?
Quatre tendances ressortent de manière assez marquée, et méritent toute notre attention.
Le premier signal, c’est celui de l’intelligence artificielle.
On en parle beaucoup, et pour cause : elle transforme déjà notre manière de travailler. L’IA générative, en particulier, est utilisée par de nombreux employés pour rédiger des offres, faire des recherches marketing, générer du code… Mais souvent, cette utilisation se fait sans cadre ni stratégie claire. Et cela pose problème : en termes de sécurité des données, mais aussi en termes de compétences. Aujourd’hui, très peu d’entreprises ont mis en place des politiques ou des formations adaptées. Or, si l’on veut que l’IA devienne un véritable levier de compétitivité, il est impératif de l’intégrer de manière réfléchie et sécurisée.
Le deuxième signal concerne les jeunes générations.
On observe une désaffection préoccupante pour les filières scientifiques et techniques. C’est un vrai enjeu pour l’avenir de notre tissu industriel. Mais ce n’est pas tout : la génération Z, tout en étant ambitieuse, montre peu d’appétence pour les fonctions managériales. Cela interroge sur notre capacité, à moyen terme, à renouveler les équipes de direction. Il va falloir, très concrètement, repenser l’attractivité de ces filières et adapter nos modèles de management aux nouvelles attentes.
Troisième signal, le développement durable.
C’est un sujet que les entreprises ne peuvent plus ignorer. 78 % disent que c’est important. Mais dans les faits, seules 32 % ont une stratégie claire. Et encore moins ont mis en place des mesures concrètes. Ce qui freine ? Le manque de temps, de moyens, de compétences… mais aussi l’idée que le développement durable ne rapporte rien. Il y a donc un gros travail à faire pour démontrer que durabilité et rentabilité ne sont pas incompatibles, au contraire.
Enfin, le quatrième signal, c’est celui de la lassitude des dirigeant·e·s.
Les entrepreneur·e·s restent résilient·e·s, ils et elles ont traversé la pandémie, les tensions géopolitiques, l’inflation… et continuent d’avancer. Mais cette résilience a ses limites. Beaucoup nous parlent d’un trop-plein administratif, d’un sentiment d’usure. Ce n’est pas à négliger. Il est urgent de mieux les soutenir, avec des démarches simplifiées, un accompagnement ciblé, un accès facilité au financement.
Dans ce contexte, quelles sont les recommandations de platinn ? Que mettez-vous en place pour accompagner les entreprises implantées en Suisse romande ?
Dans un environnement aussi mouvant que celui de 2025, notre recommandation est claire : les PME doivent se recentrer sur leurs fondamentaux, et notamment sur la création de valeur.
La création de valeur, tant pour l’entreprise que pour le marché, est un processus crucial pour la croissance et la pérennité d’une entreprise. Elle implique d’identifier et de répondre aux besoins de la clientèle, d’optimiser les processus internes et de se différencier de la concurrence pour créer une proposition de valeur unique et perçue positivement par le marché.
Cela signifie innover, non pas uniquement sur le plan technologique, mais à travers une véritable innovation d’affaires, ce qui constitue précisément l’ADN de l’accompagnement proposé par platinn.
Concrètement, nous accompagnons les PME romandes grâce à quatre types de coaching : le développement des affaires, l’optimisation des opérations, la recherche de financement et la coopération. Cette approche intégrée permet aux entreprises de relever leurs défis opérationnels à court terme tout en préparant l’avenir.
Depuis quelques années, nous proposons aussi une nouvelle forme d’accompagnement, le coaching collectif, qui s’appuie sur la force de l’intelligence collective. Il s’agit de réunir des dirigeant∙e∙s autour de problématiques communes, pour qu’ils et elles puissent partager leurs expériences, mutualiser leurs idées et construire ensemble des solutions concrètes. Cela permet non seulement de rompre la solitude de l’entrepreneur∙e, mais aussi de renforcer les écosystèmes régionaux.
Ces coachings collectifs sont complémentaires des activités des plateformes sectorielles (Alp ICT, BioAlps, CleantechAlps et Micronarc), qui regroupent plutôt des entreprises de secteurs d’activités similaires, favorisant ainsi la proximité cognitive.
Enfin, notre force repose sur notre proximité. Grâce à notre réseau d’antennes cantonales, au plus proche des réalités de chaque tissu économique local, nous pouvons orienter les entreprises vers les dispositifs les plus adaptés à leur situation, que ce soit au niveau cantonal, régional ou fédéral.
Notre ambition est simple : aider chaque entreprise à construire sa propre voie de transformation, de manière pragmatique, durable et cohérente avec ses réalités de terrain.
> Votre entreprise fait face à des défis, vous ressentez le besoin d’innover ? L’antenne de votre canton saura vous aiguiller vers le soutien adapté.