La start-up vaudoise Proxipel est prête pour industrialiser son concept innovant, valorisant les résidus de biomasse en énergie renouvelable . Rencontre avec son CEO Richard Pfister.
Richard Pfister a semble-t-il un bon nez pour flairer les affaires. Cet œnologue de formation, auteur du livre “Les parfums du vin”, a décidé, en 2007 déjà, de se lancer dans la création d’entreprises en lien avec les énergies renouvelables. “En incapacité de travailler suite à un accident de moto, je me suis retrouvé avec du temps, raconte le Vaudois. Avec deux ingénieurs en l’environnement, dont un ami de l’EPFL, nous avons commencé à nous intéresser de près à la valorisation de la biomasse.” C’est alors que le trio rencontre André Corthay, un ingénieur mécanicien avec une forte expérience dans les énergies renouvelables. Il leur soumet son idée d’usine mobile de pelletisation.
“Nous avons créé Proxipel en 2013 pour développer ce concept”, poursuit le CEO. L’idée : proposer une unité de fabrication mobile permettant de récolter les résidus de biomasse et de fabriquer sur place des pellets destinés aux installations de chauffage et aux poêles. “De nombreuses sortes de biomasse peuvent être utilisées, poursuit Richard Pfister. Comme des déchets de bois laissés par les entreprises forestières, les banchages des communes qui coûtent très cher à éliminer, ou des résidus de céréales dans le secteur agricole.”
Un premier couac
Malheureusement, les premiers pas de la start-up et le développement d’un prototype ne se passent pas comme prévu. “Nous nous sommes fait avoir avec un sous-traitant véreux qui nous a laissé un trou de plusieurs centaines de milliers de francs dans la caisse”, raconte-t-il. Mais ce couac ne décourage pas les fondateurs. Et suite à l’entrée d’un “business angel” dans le capital, ils repartent à l’aventure en 2016. “Nous avons alors repris les plans et construit un premier prototype complet à échelle réelle qui a produit son premier pellet fin 2019.”
Ce délai relativement long s’explique notamment par la problématique du séchage. Pour pouvoir fabriquer des pellets sur place, là où se trouve la biomasse, il faut que l’unité mobile dispose d’un séchoir. Mais ceux-ci sont en général très volumineux. “Reprendre les technologies existantes et réduire leur taille n’a pas fonctionné. Nous avons donc dû effectuer plus de R&D que prévu et réussi à diminuer par six la taille de notre séchoir par rapport aux meilleurs séchoirs existants”, explique Richard Pfister. Le prototype de l’unité prend ainsi la forme d’un semi-remorque d’un poids de 29 tonnes.
Des pellets compétitifs
Mais ces pellets fabriqués à base de biomasse sont-ils compétitifs face aux pellets “classiques” existants sur le marché ? “Nous sommes très satisfait du résultat, répond l’entrepreneur. Nos pellets sont conformes à la norme ISO 17225 et ils ont été validés par l’Office fédéral de l’environnement. Concernant leur coût de fabrication, nous sommes alignés sur les pellets traditionnels.”
Proxipel a bénéficié du coaching platinn quelques mois après sa création, en 2014. “Eric Plan nous a suivi très tôt, secondé ensuite par Jean-Daniel Favre, se souvient le CEO. Ils ont été précieux dans beaucoup de domaines : les aspects stratégiques, le développement du réseau, le regard extérieur et la préparation à la recherche d’investisseurs.” Car le prototype étant fonctionnel, la prochaine étape pour l’entreprise vaudoise est la recherche de fonds pour pouvoir lancer la fabrication d’une unité pilote afin de passer à une industrialisation. Et l’ambition est là : “D’ici 7 à 8 ans, nous espérons fabriquer une centaine d’unités par année, déclare Richard Pfister. Et dans 12 ans, ce chiffre sera doublé.” Actif dans un premier temps en Suisse et France, Proxipel vise les marchés de l’Europe de l’Ouest et la Scandinave pour écouler ces usines mobiles valorisant les résidus de biomasse. Soit là “où les besoins en pellets sont les plus forts”.
L’avis du coach
“Le défi du coaching a été de s’adapter au fur et à mesure de l’avancée du projet, notamment suite aux complications auxquelles a du faire face Richard Pfister. Au final, cela a été très agréable de travailler avec lui. Il est à l’écoute et sait qu’un coach n’est pas là pour faire de miracles, que nous pouvons apporter des conseils, une réflexion, mais que nous n’allons pas amener des investisseurs sur un plateau. Le plus admirable a été sa capacité à ne jamais baisser les bras dans les moments difficiles, il s’est battu jusqu’au bout de cette étape car la véritable aventure commerciale ne fait que démarrer. »
Pour en savoir plus… www.proxipel.com
par Loïc Delacour