Avec sa plateforme qui révolutionne les interactions entre les banques et les gestionnaires de fortune, Wecan Group séduit de nombreux acteurs. Les applications de la technologie blockchain abondent et l’entreprise genevoise pourrait se positionner comme l’un des leaders du secteur en Suisse.
Après une heure d’entretien avec Vincent Pignon, directeur de Wecan Group, on se dit que l’enthousiasme général autour de la blockchain est peut-être bel et bien justifié. Et ce ne sont pas les responsables des banques Lombard Odier, Pictet, Edmond de Rotschild, Reyl et Hyposwiss qui diront le contraire; celles-ci ont en effet rejoint la plateforme Wecan Comply qui améliore grandement la communication avec les gérants de fortune indépendants. Elle sera lancée au 1er janvier 2021. “Plus que la rejoindre, précise l’entrepreneur, ces banques ont été de véritables partenaires dans son développement, et cela depuis le début.”
Pour comprendre le fonctionnement et l’utilité de cette plateforme Wecan Comply, il faut revenir à la crise financière de 2008. À la suite de celle-ci, la Confédération a décidé d’adapter les réglementations dans le domaine des services et établissements financiers. Les lois LSFin et LEFin sont donc entrées en vigueur début de cette année 2020, complexifiant les relations entre banques et gérants de fortune, et forçant la mise en place de nouveaux processus coûteux en temps et en personnel.
Fort de ce constat, Wecan Group est arrivé avec une solution innovante, voire révolutionnaire dans le milieu: dorénavant, les banques pourront accéder aux documents officiels des gérants de fortune de manière automatique en temps réel. Fini les envois de mails redondants pour chaque procédure de compliance, avec son architecture décentralisée et ses transmissions cryptées, la technologie blockchain devrait permettre un gain en temps et en efficacité.
Un long processus de standardisation
La plateforme a donc été le fruit d’une collaboration entre une dizaine de banques et une cinquantaine de gérants de fortune indépendants. Mais pour arriver à un consensus, l’entreprise genevoise et ses partenaires ont dû créer une standardisation nouvelle pour les différentes données, car chaque institut bancaire disposait jusqu’alors de ses propres normes lors de leurs échanges d’informations avec des gérants externes. “Ce fut clairement le processus le plus long mais aussi un point crucial, relate Vincent Pignon. Il est très compliqué de mettre tout le monde d’accord et il est rare d’arriver à mettre en place une standardisation dans une industrie existante.”
platinn a joué un rôle prépondérant dans le développement de la plateforme Wecan Comply. “Lorsque l’on lance un tel produit, il y a une multitude de domaines à prendre en compte au-delà du pur développement informatique, explique le directeur. Le coach Frédéric Dreyer nous a grandement soutenu, notamment pour ce qui du dépôt d’un brevet. Il nous a également aidé à monter un projet Innosuisse en cours de validation. Wecan Group pourrait bénéficier du travail en recherche et développement de deux personnes de l’EPFL. Si notre demande est acceptée, les chercheurs se pencheraient alors plus particulièrement sur le monitoring de la sécurité en temps réel, sur la scalabilité de la plateforme, soit sa capacité de supporter une hausse d’utilisateurs, mais aussi sur sa consommation énergétique, un enjeu majeur dans les projets blockchain.”
Du registre foncier aux guides de montagne
Pour arriver au succès de son offre Wecan Comply, Wecan Group s’est appuyé sur une forte expertise dans la prometteuse technologie blockchain. Créée par Vincent Pignon, rapidement associée avec l’ingénieur EPFL Dominique Goy, l’entreprise s’est premièrement intéressée à d’autres domaines que la banque. “Nous avons d’abord développé des solutions liées au registre des droits à bâtir de la Fondation des Terrains Industriels du canton de Genève mais aussi à la vérification, par des clients, du statut de guides de montagne en Valais (diplôme, formation continue à jour et assurance)”, explique l’entrepreneur genevois. Wecan Group propose également une plateforme Wecan Tokenize pour la gestion d’actifs numérisés ainsi qu’une formation certifiante, en partenariat avec l’école CREA – Groupe Inseec, pour permettre aux entreprises et organisations d’adopter plus facilement la technologie blockchain.
Les domaines d’application sont donc nombreux et Wecan Group entend bien en profiter. “Avec la tokenisation de tout objet ou individu, soit la création d’une identité numérique cryptée et complètement sécurisée, le potentiel de la blockchain est tout simplement énorme, affirme Vincent Pignon. Et le choix de Facebook d’installer sa cryptomonnaie libra à Genève n’est pas anodin: la Suisse pourrait bien être le cœur de la mise en place d’une standardisation internationale nécessaire pour développer les projets blockchain à grande échelle.”
L’avis du coach
“J’explique souvent aux personnes avec lesquelles j’interviens qu’il faut comparer notre apport à celui d’un coach sportif, relate Frédéric Dreyer. Celui-ci va expliquer comment réaliser les exercices, mais ce n’est pas lui qui va les faire. Et donc, dans ce sens, mon rôle a été de conseiller Wecan Group sur la stratégie à mener, que cela soit pour le positionnement des nouveaux services, secteurs clés, le dépôt de brevet et surtout pour l’élaboration d’une demande concernant un projet Innosuisse dont la réponse tombe cette fin d’année. La collaboration avec cette entreprise était très intéressante du fait de sa taille humaine, avec une dizaine de collaborateurs. J’ai ainsi pu travailler avec des profils différents, que cela soit un développeur, un chef de projet, de communication et des membres de la direction. Tout s’est extrêmement bien passé, l’équipe étant dynamique, réactive, très motivée, avec de belles valeurs humaines et entrepreneuriales.”
Pour en savoir plus… www.wecangroup.ch
Par Loïc Delacour