Valoriser les déchets plastiques

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Spontis est née d’une initiative commune entre Romande Energie, Groupe E et la Ville de Lausanne. Quinze ans plus tard, l’entreprise se lance le défi de révolutionner le traitement des déchets plastiques.

Dans notre pays, le fédéralisme a son charme mais aussi sa complexité. Preuve en est dans le secteur de l’énergie: chaque région, canton ou même ville ou village possède parfois son propre fournisseur d’électricité. On en dénombre ainsi pas moins de 600 sur tout le territoire. Dans ce contexte où chaque acteur est autonome et achète son propre matériel,  Romande Energie, Groupe E et la Ville de Lausanne ont décidé de lancer Spontis en 2007. “L’idée était de créer une plateforme commune pour standardiser et acheter en commun le matériel électrique basse et moyenne tension afin de faire face aux problèmes d’approvisionnement de matériel, de se mettre ensemble pour être plus forts”, relate son directeur Christophe Pot.

Au fil du temps, l’entreprise a développé ses activités dans la Supply Chain et la gestion de projets. Il y a quelques années, elle s’est ainsi penchée sur le remplacement des compteurs électriques par des compteurs smart, dits compteurs intelligents avec ce questionnement: que faire des milliers de compteurs ainsi récupérés? “Nous avons alors lancé un projet que nous avons proposé à nos actionnaires, raconte le responsable. Il constituait à mener une réflexion qui intègre les aspects écologiques en valorisant les différents matériaux récupérés, les aspects sociaux en faisant appel à des ateliers d’insertion socioprofessionnelle pour démanteler les anciens compteurs, et les aspects économiques.

Christophe Pot / © Stéphane Schmutz / STEMUTZ.COM

Un coaching via une lecture de voyage

Le directeur va alors entrer en contact avec platinn avec un petit coup de pouce du destin. “J’étais en voyage avec ma femme, quand je suis tombé sur un article de Race for water, se souvient-il. Cette organisation est dédiée à la préservation de l’eau et des océans, fortement menacés par la pollution plastique. Je me suis dit que leur but était finalement similaire au nôtre, avec la valorisation des déchets plastiques. Et c’est comme ça que je me suis retrouvé face au coach platinn Philippe Gaemperle qui faisait à l’époque partie de l’équipe de cette ONG. Cela m’a permis de rencontrer également Jean-Bernard Michel, un chercheur et professeur à la retraite, grand spécialiste du plastique, ainsi que des partenaires au sein du canton de Vaud et de deux écoles d’ingénieur.”

Une idée émerge alors: développer des unités de pyrolyse afin de transformer efficacement le plastique en électricité ou en chaleur. “Très vite, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un problème de volume avec les compteurs, enchaîne Christophe Pot. Pour que le système soit viable, il nous fallait d’autres intrants. Nous avons donc cherché du côté des câbles moyenne tension, des déchets agricoles – il y en a beaucoup dans la Broye où nous sommes implantés, mais aussi chez la grande distribution, notamment Coop et Migros, qui produisent beaucoup de déchets plastiques.”

L’apport du coach platinn est alors important. “Philippe Gaemperle nous a beaucoup aidés, notamment sur deux aspects: la méthodologie du projet de développement ainsi que la mise en réseau. En tant qu’entreprise active dans le B2B, Spontis n’était pas du tout connue. Ce projet nous a permis de gagner en notoriété. Le coach nous a également beaucoup challengés. Quand vous êtes une entreprise avec un quotidien durant lequel vous répétez les mêmes choses, c’est très intéressant d’avoir quelqu’un d’externe qui amène une approche différente, un regard extérieur.”

Traiter les déchets sur place

Avec ce projet d’unités de pyrolyse nommé Valplast, les déchets plastiques pourraient servir à produire soit de l’huile, soit du gaz de synthèse appelé syngaz, et donc de l’électricité, de la chaleur ou de l’hydrogène. Spontis peut compter comme partenaire Thévenaz-Leduc, référence en matière de recyclage. L’entreprise ne veut toutefois pas concurrencer les usines d’incinération existantes, comme celle de Tridel dans le canton de Vaud. “Nous voulons être complémentaires, déclare l’entrepreneur. Nous proposons une solution alternative, un modèle décentralisé avec lequel nos unités sont placées directement à proximité d’un producteur de biomasse ou d’un thermoréseau afin de pouvoir utiliser les intrants locaux et ainsi éliminer l’impact négatif des transports des déchets.”

Exemple d’unité / © Spontis

A l’heure d’une grande prise de conscience écologique, l’idée a de quoi séduire. La première phase du projet consistant en une étude de faisabilité a abouti en novembre de l’année dernière. “Dorénavant, nous sommes à la recherche d’un partenaire industriel pour lancer le développement d’une unité pilote de pyrolyse, annonce le directeur. Nous avons identifié pour l’heure quatre sociétés, dont une basée en Suisse, avec qui nous pourrions travailler. L’objectif est donc de créer un modèle d’affaires, puis de le multiplier.”

Derrière les belles promesses de ce projet visant à valoriser les déchets plastiques, Spontis devra faire face à plusieurs défis. Premièrement, le coût d’une unité de pyrolyse, estimé entre 2,5 et 3 millions de francs, demandera une recherche de fonds importante. Le coaching platinn pourra aider durant cette phase. Autre questionnement: le défi technique. “Pour l’heure, il faut nous assurer que notre concept est réalisable techniquement, annonce Christophe Pot. Puis, nous devrons convaincre pour tenter d’imposer ce modèle disruptif.” L’avenir dira si cette belle idée se transformera en un succès industriel.

L’apport de platinn

“Avec Christophe Pot, c’était une belle rencontre, relate le coach Philippe Gaemperle. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, avec un esprit tourné vers la recherche de solutions innovantes et durables. Mon rôle principal était de construire une équipe de projet, d’identifier les bons partenaires, que cela soit avec le professeur Jean-Bernard Michel ou encore au sein des Hautes écoles comme l’HEPIA ou la HEIG-VD. Il a également fallu rendre visible Spontis dans l’écosystème de l’innovation. Et j’ai aussi participé à la recherche de financements pour cette première phase d’étude de faisabilité. La prochaine étape sera la validation technique du projet d’unité de pyrolyse. Et si celle-ci est acquise, nous pourrons entamer la phase de recherche de financements, que cela soit avec un ou plusieurs partenaires privés, mais aussi des fonds publics, par exemple auprès de l’Office fédéral de l’énergie ou encore du Canton de Vaud.”

Pour en savoir plus… www.spontis.ch

par Loïc Delacour

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