Un nouveau mode de coaching

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Le coaching collaboratif permet de réunir autour d’un projet plusieurs entreprises. Swisscast est une start-up qui a permis de valider ce nouveau modèle grâce à un coaching platinn. D’autres projets de ce type sont appelés à voir le jour.

Pour rappel, des prestations de coaching platinn sont offertes depuis 1991 aux entreprises, notamment via un partenariat stratégique avec les différentes antennes cantonales de promotion économique de Suisse occidentale. Depuis l’année dernière, une nouvelle forme de coaching a été testée et sera proposée. Sa particularité? Aider plusieurs entreprises ou partenaires à la fois à créer un modèle d’affaires conjoint. Le projet pilote a été lancé sur une initiative d’Innovaud et du SPEI pour encourager l’innovation dans le cadre des “Projets Collaboratifs Innovants” du canton de Vaud.

Swisscast: un consortium créé avec l’aide des prestations de coaching platinn
Au départ du projet vaudois, il y a une intuition d’innovation portée par l’entreprise Pomoca, leader mondial de la peau de phoque. L’entreprise contacte Innovaud pour un projet de synergie dans le domaine des courses d’endurance et de haute montagne. Percevant le potentiel de la démarche, l’antenne cantonale propose alors, avec le soutien du SPEI, un coaching platinn pour mener à bien la mise en relation des différents partenaires. Ils font appel à Patrick Albert, coach Affaires et Coopération. Celui-ci explique: “L’activité principale du coaching a été de concrétiser la synergie, en montrant à ces 4-5 sociétés qu’elles avaient un intérêt à créer une structure commune. Complété par un soutien financier du canton dans le cadre de son initiative “projets collaboratifs innovants”, cela a abouti au-delà de nos attentes à la création d’une société, baptisée Swisscast SA, dans laquelle chaque partenaire a pris une participation au capital.”
Créée en décembre 2020, la start-up a pour but de proposer un système de suivi en temps réel des sportifs dans le domaine des courses de montagne. Grâce aux nouvelles technologies, la société est en train de développer un traceur. L’objectif est d’offrir un plus haut niveau de sécurité aux organisateurs de courses et une expérience d’interactivité aux athlètes et spectateurs via une plateforme.

Au final, le projet réunit plusieurs entreprises. Pomoca, déjà citée, apporte son expérience du terrain et son écosystème d’affaires. Advanced Sport Instruments développe la solution de tracking. MSO, spécialisée dans le chronométrage des sports de haute montagne, partage ses relations auprès des organisateurs de courses pour proposer le service. Furinkazan, start-up spécialisée dans le domaine du gaming, travaille sur la plateforme et l’expérience utilisateur. Enfin, Benoît Mariani, fondateur de Gait Up, une spin-off du CHUV et de l’EPFL, s’occupe du développement des algorithmes. Depuis l’automne 2020, ils ont été rejoints par Jean-Philippe Torgue. Cet ancien cadre dans plusieurs grands groupes du domaine du sport outdoor est désormais le CEO de Swisscast.

Le rôle du coach dans le coaching collaboratif
Le projet a pris forme sous l’impulsion du travail de coaching. Au début, il y avait seulement des partenaires potentiellement intéressés à innover ensemble, mais le projet était encore peu défini. Pour aider à réaliser le modèle d’affaires, Patrick Albert s’est basé sur les outils de l’open innovation. Son travail a consisté à vérifier notamment la viabilité du projet en déterminant une feuille de route et si les sociétés impliquées étaient bien déterminées à développer un produit ensemble. Rapidement, l’idée de fonder une société anonyme s’est imposée comme un objectif important.
“Dans ce type de projet, chaque partenaire apporte du savoir-faire, de la propriété intellectuelle, des contacts avec son propre écosystème. La difficulté est d’évaluer ces aspects-là et d’établir ensuite comment cela doit se traduire dans la répartition au capital. Il faut que tout le monde s’y retrouve par rapport à ce qu’il investit. J’ai donc suscité une discussion pour savoir comment chacune des sociétés allait être rémunérée par rapport aux éléments apportés dans le projet”, détaille Patrick Albert.
La dernière étape importante de ce coaching a consisté à recruter la bonne personne pour piloter Swisscast.

Le paysage de l’innovation en Suisse occidentale, schéma de l’ARI-SO.

Faire de cette expérience un modèle pérenne
Ce type de projet nécessite de définir clairement la relation d’affaires dès le départ. “Beaucoup de coopérations échouent car les partenaires n’arrivent pas à s’entendre sur la forme et la structure dans laquelle leur échange doit se dérouler”, explique Patrick Albert. Le travail de détermination du cadre légal est donc crucial. Si les partenaires n’ont pas les bons outils pour le fixer, cela peut conduire à un échec du projet alors que les compétences et le potentiel sont là.
Du côté de platinn, ce premier cas de coaching collaboratif a amené à des adaptations dans les processus internes. “Pour nous, c’était une grande évolution. Nous avons mené tout un travail pour étayer le concept. Nous avons innové et inventé un peu la manière de traiter ces cas collectifs. Ce projet est très intéressant car, pour un coup d’essai, c’est un coup de maître”, se réjouit Patrick Albert.
Cette expérience fera date et désormais, celui qui est devenu directeur de platinn, prévoit de développer ce service de conseil: “C’est un changement de logique, explique-t-il. Habituellement, le coaching fonctionne selon la formule un coach pour une entreprise. L’idée désormais, c’est d’avoir une personne qui puisse s’occuper de plusieurs entreprises autour d’une thématique commune. Pour 2021, nous avons l’ambition de mener d’autres projets de ce genre.”

Pour en savoir plus sur le projet Swisscast… Page LinkedIn de la start-up

par Arnaud Gariépy

L’avis de l’entrepreneur
“Tout l’art de ce coaching a été de générer et de mobiliser toutes les bonnes énergies, d’être au clair sur ce que chacun apportait au projet et de ce qu’il allait pouvoir en retirer. Ce projet a été une excellente expérience de coaching, relate Patrick Albert. Il y a eu rapidement une très bonne ambiance de coopération entre les différentes sociétés et moi-même. Nous avons pu avancer rapidement, alors même qu’en 2020, nous étions tous en télétravail  la plupart du temps. L’esprit de transparence et l’envie de concrétiser ce projet ont été des facteurs clé à mon avis, en plus bien sûr du savoir-faire des uns et des autres.
La difficulté du métier de coach, c’est qu’on devient partie prenante du processus qu’on suit et parfois on s’attache beaucoup au projet. C’est occasionnellement un peu dur de s’en détacher, mais c’est la vocation du coaching. Si tu fais bien ton travail, il y a un moment où tu dois t’effacer et passer le témoin aux porteurs du projet. Il faut que la structure devienne indépendante de l’aide et des conseils reçus. Dans le cas de Swisscast, cela s’est très bien déroulé. Je suis très heureux de voir que le projet continue sur sa lancée et je suis convaincu que Jean-Philippe est la bonne personne pour poursuivre son développement.”

L’apport de platinn
“Le rôle de Patrick a été essentiel au départ. C’est lui qui a mené toute la discussion avec les partenaires pour que le projet avance. Il a vraiment fait l’unanimité.
On pense parfois que c’est facile de créer une entreprise. En fait non, et ce n’est évidemment pas plus simple quand vous la créez à partir de plusieurs entreprises autour de la table. Patrick a eu le mérite de poser le cadre dès le départ et il a joué un rôle clé dans le succès du projet.
C’est une personne très calme et posée, qui amène de la sérénité aux discussions. Il a une grande expérience et c’était très agréable de collaborer avec lui.
Nous avons travaillé de façon très étroite à partir de mon recrutement en septembre jusqu’en novembre 2020. Nous avons par exemple contacté des avocats pour finaliser le MOU (memorandum of understanding), c’est à dire la déclaration d’intention formelle des partenaires pour leur rôle à jouer dans le projet.
Le second élément qui nous a occupé a été de parachever le business plan de Swisscast. Nous avons également rencontré Innovaud et le SPEI afin d’obtenir des financements et un soutien pour le lancement de la start-up.
Dès le moment où j’ai été en mesure de gérer le projet et le groupe de travail, Patrick s’est progressivement retiré. A la fin de l’année 2020, j’ai créé l’entreprise et finalisé le pitch pour de futurs investisseurs. Désormais, c’est notre objectif principal. Nous allons d’ailleurs participer au concours d’innovation de l’EPFL – Start-up Champions Seed Night – avec 19 autres start-up.
Nous pourrions être amenés à avoir recours à nouveau au coaching platinn, mais cette fois dans le domaine financier si nous rencontrons des difficultés à trouver des investisseurs.”

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