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Le drone de Flybotix séduit les investisseurs

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La start-up basée à l’EPFL a levé 1,5 millions de francs ce printemps. Elle vient de lancer, ce début octobre, la première version d’un drone révolutionnaire, destiné à inspecter l’intérieur de bâtiments. Retour sur la création de cette jeune pousse prometteuse et le rôle de platinn dans son évolution.

En 2003, Samir Bouabdallah était sans doute au bon endroit au bon moment. Cet ingénieur réalise alors une thèse sur la stabilisation des drones, ces machines volantes dont personne ne parle encore vraiment. Ses articles scientifiques seront parmi les plus cités au monde, dans ce domaine, et cela probablement encore à l’heure actuelle. De ses recherches découlent une première start-up nommée Skybotix. Elle propose des drones complets, puis un capteur assistant les drones afin de voler sans GPS dans des environnements complexes en évitant toute collision. La technologie tape dans l’œil de GoPro qui rachète la jeune entreprise.

Mais Samir Bouabdallah a de la suite dans les idées. “Suite à ce rachat, j’étais en année sabbatique en Algérie, se souvient-il. Mais je continuais mes réflexions sur des problématiques datant de ma thèse. Notamment sur le fait que, plus on réduit la taille des drones et donc des batteries et des hélices, plus on diminue le temps de vol.” Lui vient alors une idée qui paraît simple: en divisant le nombre d’hélices par deux, un drone volera deux fois plus longtemps, avec des hélices alors deux fois plus grandes.

De retour en Suisse, une société du parc scientifique de l’EPFL s’intéresse au projet et accepte de le soutenir. L’ingénieur met alors ses idées sur papier, puis, fin 2018, les transforme en un premier prototype avec l’aide d’Alexandre Cherpillod, un jeune ingénieur rencontré quelques mois plus tôt. “C’était une réussite, nous avions quelque chose qui volait, relate Samir Bouabdallah. La prochaine étape était donc de chercher les premiers investisseurs.”

Samir Bouabdallah (à gauche) et Alexandre Cherpillod observent leur drone à deux hélices.

Différences d’échelle avec la Chine
En janvier 2019, avec un premier apport d’investisseurs privés en poche, Flybotix voit le jour. La start-up engage quelques collaborateurs et communique pour la première fois son innovation en juin de la même année. Le but est d’opérer une levée de fonds d’1,5 millions de francs afin de pouvoir passer d’un prototype à une première génération de drone commercialisable. Les entrepreneurs se rendent en Chine pour une série d’événements, dont notamment le CES Asia. Mais si l’intérêt est là, les entrepreneurs sont refroidis pour des raisons culturelles. “Là-bas, ce n’est pas la même échelle, raconte le CEO. Quand on demandait 1,5 millions, les gens nous riaient au nez, disant que c’était trop peu. Et en Chine, hors Hong Kong, les investisseurs ont beaucoup de mal à sortir de l’argent pour investir dans des entreprises non chinoises.”

C’est finalement en Europe que Flybotix trouvera ses investisseurs, au nombre de trois. Coaché dès lors par platinn sur les questions financières, Samir Bouabdallah se rappelle de cette période stressante: “Il y avait une grande pression entre les investisseurs et les avocats d’un côté, et les obligations envers nos employés de l’autre. Le coach a été d’une très grande aide, que cela soit technique mais aussi psychologique. Il a amené de la sérénité.”

Dans le “Top 100 swiss start-up 2020”
Flybotix a pu donc développer cette première version commercialisable du drone à deux hélices qui vient de voir le jour, et la première production est en préparation. Avec cette technologie spécifique, l’entreprise vise un marché de niche: des clients qui nécessitent des appareils leur permettant d’inspecter des environnements dangereux et difficiles d’accès à l’intérieur de bâtiments.

Le futur? “Dans un premier temps, l’amélioration continue, pour ensuite sortir une nouvelle version de drone capable d’être produite en grande série”, déclare l’entrepreneur. Afin d’atteindre un tel objectif, une troisième levée de fonds sera nécessaire pour un montant d’environ 3 millions de francs. La mission paraît compliquée vu la situation actuelle mondiale, mais pas inaccessible tant la technologie développée est séduisante et l’intérêt confirmé des investisseurs. Flybotix vient d’ailleurs d’être nommée dans le top 100 des start-up suisses les plus prometteuses.

L’avis du coach
“À mon arrivée, Samir Bouabdallah et la société étaient sous pression, relate Christian Hugonnet, coach finance chez platinn. Les investisseurs potentiels étaient identifiés, mais il a fallu négocier toute une série de demandes liées par exemple à la gouvernance de l’entreprise ou encore à sa valorisation et certains aspects contractuels. J’ai pu ainsi apporter mon expérience acquise auprès d’autres entreprises dans des situations similaires et soutenir les fondateurs pour passer ce cap. Au final, cette collaboration fut une belle réussite. Nous continuons d’ailleurs à travailler ensemble pour une nouvelle opération de levée de fonds.”

Pour en savoir plus… flybotix.com

Par Loïc Delacour

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